INTERNET A CHANGÉ LA DONNE…
Une Charte du 21ème siècle sur la circulation des archives audiovisuelles s’impose !
Pour permettre une utilisation innovante des archives audiovisuelles dans le cadre de la création cinématographique, nous souhaitons la constitution d’une Charte internationale définissant une éthique et une pratique renouvelée de l’accessibilité aux images et aux sons : une alternative positive au pillage et au détournement de la propriété intellectuelle qui honorera l’antériorité artistique et soutiendra la préservation des archives sans pénaliser l’innovation.
Cette Charte définira un droit plus souple pour l’utilisation d’archives, en tenant compte des nouvelles technologies, des budgets de production, en même temps que de l’impératif de s’acquitter des frais de conservation des archives. Car même si auteurs et comédiens donnent leur accord moral, les tarifs d’utilisation des images et des sons rendent, à l’heure actuelle, de nombreux projets de cinéma infaisables, sauf à suivre la voie de l’illégalité. Nous ne demandons pas la gratuité mais des prix raisonnables ! Mieux : dans ce nouvel esprit de solidarité culturelle, nous souhaitons que le règlement des droits à l’image et à la musique puisse se faire sur les bénéfices générés par l’exploitation de l’oeuvre.
Cette Charte permettra aussi aux courts et long métrages, documentaires et films expérimentaux réalisés par le passé avec des archives d’être rendus au public, au lieu d’être voués à la confidentialité de diffusion, voire à l’invisibilité.
Pour le futur, cette Charte permettra une véritable innovation en matière d’écriture cinématographique : la possibilité de réaliser des films uniquement à partir d’archives audiovisuelles. Les archives étant utilisées, grâce à un montage image-son et à un travail de motion-design – comme les samples en musique – pour créer de nouvelles fictions cinématographiques.
Adapter, réinterpréter, monter des images existantes pour les ouvrir à de nouvelles symboliques, de nouvelles émotions, de nouvelles histoires, c’est le défi que relève Arouna Lipschitz avec le film La Nostalgie de l’Ailleurs, en cours de réalisation.
Ce film sera le premier long métrage de fiction destiné au grand écran, entièrement réalisé à partir d’extraits de films, d’images d’archives et de post-production numérique. En plus du défi technique et artistique, l’enjeu crucial pour la faisabilité d’un tel film est de gérer au mieux l’ensemble des ayants droits dans une négociation fondée sur le « bon usage » en même temps que sur le respect des auteurs, des acteurs et des producteurs.
Ce levier de création reste pourtant marginal, freiné par la complexité juridique et les prix souvent dissuasifs. Les productions renoncent souvent à aller au bout de leurs envies créatives, faute de ressources et de temps nécessaires. Aujourd’hui, c’est toute une génération d’artistes qui est marquée par la culture de l’extrait et de l’emprunt. Nous les retrouvons généralement sur le Web, avec des vidéos dont l’espérance de vie est courte, puisqu’elles ont été fabriquées dans la méconnaissance du droit.
Avec La Nostalgie de l’Ailleurs, nous avons une réelle opportunité de créer un précédent dans l’Histoire du cinéma.
Osons reposer la question du droit et des prix. Simplifions la législation sans déposséder les auteurs de leurs droits essentiels. Permettons aux cinéastes d’aujourd’hui de réaliser les films de demain. Libérons cette créativité qui ne demande que cela.
Nous, auteurs, réalisateurs, producteurs, avocats, documentalistes qui sommes à l’origine de cette pétition, nous avons la conviction qu’il est possible de procéder à une utilisation éthique d’œuvres existantes, tout en restant du côté du droit. Soutenez ce combat culturel en signant cette pétition pour de nouveaux lendemains créatifs, pour une production cinématographique ouverte à une innovation légale en même temps que respectueuse des artistes qui nous ont précédés.
« Il n’y a pas d’oeuvre qui ne fasse appel ou qui n’emprunte à des réalisations antérieures. »
Yann Beauvais